12.2.08

d'images en images avec Harun Farocki

je ne connais pas Harun Farocki. je n'ai jamais vu de films de lui, jamais lu d'écrit venant de lui également. mais j'ai lu un récent article, une rencontre avec lui ces derniers temps sur horschamp.qc.ca. exposant ses quelques installations vidéos à la galerie Leonard & Bina Ellen de l'université Concordia à Montréal à l'automne dernier, M. Farocki s'entretenait avec deux collègues de Hors Champ apportent autant quotidiennement dans nos vies que dans l'art cinématographique comme à la télévision. les propos tenus par Farocki portent à réflexions mais également de la manière sont posés les questions. à la lecture des différents affirmations avancés par Farocki tout comme les nombreuses citations tirés de film fait par d'autres auteurs qui me sont également inconnus, c'est un réel portal vers une réflexion sur les images, au sens larges. agrémenté de lectures tous comme de documentaires ou films traitant de ce sujet, l'entretien est truffé de philo dont je savoure la portée des phrases. M. Farocki, en parlant de ses films, expose d'intéressantes réflexions sur les images de guerres, la place des «condamnés» (qu'ils soient en prison ou dans les usines, comme il l'explique), de la différences de l'importance de tel ou tel image à tel ou tel époque, la place du spectateur en tant que réceptacles à images et également quelques propos mettant en relation l'espace des images dans le monde par rapport aux différentes époques,, dans le cadre de d'entretiens avec 4 artistes qui «pratiquent tous, sans s'y limiter, et malgré leurs différentes approches, un certain art du remploi d'images.» il est question de tout l'importance des images dans la sociétés d'aujourd'hui de ce que nous en faisons, de ce qui nous apportent, de leur rôles et l'influence qu'ils évolution qu'elle a vécue.

«Harun Farocki: Hier, à la conférence, Philippe Despoix nous a montré cette réclame allemande des années 40-41, qui expliquait que l'appareil photographique pouvait vous protéger sur le front. Achetez une caméra, et vous serez protégé des balles ! Et bien entendu, c'est en grande partie vrai. J'ai connu cette expérience. Nous étions une fois dans un zoo, et nous filmions un tigre, non pas un tigre en cage, mais en liberté. Derrière la caméra, vous n'aviez plus peur !»

incroyable! mais je comprends le principe parce qu'étant moi-même à mes heures, photographe, le concept d'être derrière l'objectif me rend quelque peu invulnérable, dans le sens que je me sens comme "absent" de la scène que je veux cadrer, que je veux capturer. je suis loin d'admettre le fait que dans cet état c'est impossible que je puisse me prendre une balle de fusil, mais si on repousse ce concept, dans ce contexte historique, c'est "presque" compréhensible. on disait que les gens envoyait de la vraie nourriture à Donalda dans Les histoires des pays d'en haut. on disait même que les gens s'habillaient convenablement devant la télé parce qu'ils pensaient ou plutôt parce qu'ils croyaient que l'annonceur des nouvelles les voyaient. c'est pour dire que la relation avec les objectifs qui prennent des images, avec les médias de projection était non-comprise. le fait que durant la deuxième guerre mondiale il y eu ce genre de propos m'étonne beaucoup mais à y regarder, c'est presque plausible. M. Farocki étudie les images de guerres à travers l'histoire de manière dans «Images de guerre». il est surtout intéressé par les photos d'opérations militaires aériennes.

«HorsChamp: Vous vous attardez par exemple à ces images censées nous révéler la précision des dites « frappes chirurgicales », des « bombes intelligentes ». Dans ces images, l'humain est absent, la mort est complètement évacuée de l'image. Ces images apparaissent avec la guerre du Golfe.»

face à ces images aériennes, nous ne pouvons constater directement l'impact humain, les dommages matériels. nous voyons une "zone" détruite ou atteinte. du haut du ciel et à cet distance, les repères sont plus difficiles à cerner et ainsi l'importance de l'impact d'une bombe, à la vision de ces images opérationnelles, est moindre. on est témoin plus d'un fait sans conséquence, de manière quasi irréel-vu qu'on n'a pas la vision "les deux pieds sur terre" du même fait. la relation est presque similaire lorsque nous voyons ces archives de la Deuxième ou de la Première Guerre. même si les images sont filmées ou photographiées "comme si que nous étions là", l'impact, surtout dû à la qualité vintage, est distant dans le sens que oui, ça s'est passé, mais les clichés, les images font tellement état d'eux-mêmes de dédatements que nous ne pouvons s'y associer concrètement dans la modernité d'aujourd'hui. donc, elles sont non pas irréel mais plus de l'état du souvenirs, comme à l'éveil lorsque nous nous représentons un rêve précis. les images de ce temps, malgré toute leur dramatisation ne nous atteint plus d'un manière. elles sont seulement devenues une référence, une trace de cette période. même si à la première seconde elles frappent plus que les images opérationnelles aériennes, le résultat est le même; le constat d'un fait. aujourd'hui, les images proviennent "live", les journalistes sont directement dans le tank des soldats et marchent à côté d'eux. elles sont réels et presque trop réels. dans le sens qu'on a tellement apprivoisé la présence de la télé dans nos salons que l'aspect relationnel que nous entretenons avec les images est totalement déconnecté. on est bien assis dans notre salon et peu importe ce qui défilera au petit écran, l'impact, contrairement à ce qu'il faisait autrefois, ne nous fera plus décider de notre habillement. je pousse un peu à l'extrême, mais c'est pour dire qu'aujourd'hui quoiqu'il passera comme reportage de guerre qu'il soit en HD ou qu'il soit en live, avec le journaliste casqué presqu'habiller en soldat, nous allons continuer à regarder comme les photos aériennes de frappes ou les vidéos des camps nazi. on dirait qu'on ne sait plus, à travers ces images, ce qu'ils représentent, ce qu'il a été vécu réellement. l'accoutumance aux images est à un apogée et les séries de télé-réalité est un aboutissement en soi du spectateur s'auto-spectatant. je crois que le seul autre niveau que l'on pourrait atteindre est la télé-réalité impliquant la mort de personnes ou plutôt participants en direct.

«Harun Farocki: Je crois que les standards de vie, les styles, les modèles et ainsi de suite, sont fortement déterminés par l'impact des images. Ce sont des codes qui de façon inconsciente se transfèrent à travers le monde, que ce soit pour la longueur des jeans, ou peu importe, à chaque époque donnée. Les images travaillent de façon secrète. Les images travaillent de façon secrète.»

c'est le message secret, c'est son chemin secret qui n'est pas cernable, qui ne peut être automatiquement distingué. mais elles travaillent pour quoi? il y a bien une utilité pour l'Humain ces images. est-ce de l'auto représentation? de l'autodétermination à avancer dans une direction préalablement déterminé par les hautes sphères sociétales comme les politiciens, les économistes, les médias et les publicitaires? comme la carotte qui fait courir le lapin, ces images sont avant tout un repère à lequel on peut se rattacher, se comparer, se confirmer en tant que personne évoluant dans une société X. si je peux analyser la masse et par le fait même mieux comprendre l'espace que j'occupe, mieux me repérer en tant qu'individu dans une société, c'est bien par tous les images, les clichés, les films, les photos, etc. qui sont visible dès que j'ouvre les yeux. il suffit de développer l'esprit vif pour ne pas être esclave, être dominé par ces intrusions. il faut s'en servir pour nous. de toute manière, on a pas le choix, on est quand même influencé par celles-ci veut, veut pas. tout comme les images des documentaires, des films de Harun Farocki que je vais m'empresser de visionner.

«Harun Farocki: Le musée a quelque chose de sacré, de mystique, et s'oppose à la trivialité des centres d'achats, de la sphère commerciale. Au cinéma, les gens finissent par adopter une attitude purement commerciale : c'est moi qui paie, je commande, je vois voir ceci ou cela. C'est comme ça que les gens au XIXe siècle, dans les salons, jugeaient la peinture : ça c'est un vrai peintre, lui non. Ceci a commencé à changer au XXe siècle. L'art a acquis une sphère autonome, quasi-magique.»

«Harun Farocki: Ce que je tente de souligner dans le film Sortie des usines, c'est cette règle qui consiste à dire que la vie commence quand le travail finit, et qui correspond à peu près à l'apparition du cinématographe. Dans Clash by night [1951] de Lang, Marilyn Monroe, en quittant l'usine, n'est plus une ouvrière, elle devient une personne. C'est aussi le cas de Chaplin. Ils doivent toujours être montrés devant l'usine. Ils sont donc définis par l'usine, mais toujours en arrière-fond.»


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